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    William Godwin

    En bref

    Messages : 42
    Date d'inscription : 23/11/2023

    Chasseurs de Mots, Chasseurs de Sang

    .



    Le renard en sait long, mais celui qui le prend en sait un peu plus.



    Il était ardu de dégager du temps pour soi, en ces temps tourmentés. Les ardeurs de son labeur accaparent une part substantielle de son énergie, et lorsqu'il s'accordait un moment d'apaisement, William se façonnait en une incarnation délicate de l'humanisme, empreint de valeurs nobles, prêt à secourir son prochain. En soi, tout ce qu'il réprouvait, il le revêtait avec aisance, puisant réconfort dans l'acte d'assister l'essaim à faire chuter l'altruisme et les âmes charitables parmi la race vampirique. Des faiblesses sans intérêt, ne méritant pas davantage qu'une divertissante parenthèse ; un privilège en soi.

    Si l'assassinat du régent suscitait sa jubilation, le vampire se résignait à adopter une posture discrète pour quelque temps. Lui qui s’était engagé dans quelques assauts particulièrement véhéments contre des vampires opposés aux idéaux de sa communauté.

    Il était difficile d'endosser le rôle de l'accablé par cette funeste nouvelle qui faisait grand bruit, mais cela demeurait indispensable pour préserver son image intacte. Frustré d'avoir dû se retenir avec tant de rigueur ces derniers jours, le "jeune" vampire devait, pour sa survie et celle du groupe, réfréner sa haine et ses pulsions, sous peine de sombrer. C’était précisément ce à quoi tous s'attendaient... une erreur d'un membre de la communauté authentique, les exposant à être terrassés, contraints de livrer des informations cruciales avant d'être condamnés à mort.

    Parce qu'en plus de n'avoir que des ennemis parmi les siens, évitant ainsi toute complication, l'Inquisition représentait une menace réelle et dangereuse à laquelle il avait été confronté. Jusqu'à présent, s'en étant brillamment sorti, William peut être en confiance et prendre quelque liberté parmi les humains, oubliant qu'il avait délaissé leur monde, ne partageant qu'avec eux une apparence similaire. Car malgré leur ressemblance, les humains demeuraient faibles, dénués d'intérêt, ne méritant guère plus qu'un statut d'objet divertissant pour un court instant ; un privilège en soi.

    Toutefois, si l'assassinat du régent le comblait de joie, il ne pouvait déroger à l'obligation de paraître touché par cette nouvelle. Frustré de devoir contenir ses ardeurs, il devait jouer le rôle de celui qui partage la consternation générale.

    La journée s'étirait, et William, contraint de sacrifier son précieux temps pour des mondanités futiles, se métamorphosait en une élégance feinte, éclatante parmi les convives. Un sourire poli ourlait ses lèvres tandis qu'il navigue à travers les artifices sociaux, dissimulant son impatience derrière la façade d'un être civilisé. Car au fond, il savait que cette comédie, aussi fastidieuse soit-elle, était nécessaire pour conserver son rôle d'intégration.

    Le voilà, donc, se prêtant à des conversations frivoles, échangeant des banalités avec des êtres qui ne méritait même pas d'attirer son regard. L'art de la dissimulation, la maîtrise de la comédie sociale, étaient ses armes les plus précieuses dans cet univers d'apparences et de faux-semblants.

    Puis vint la fin d'après-midi nimbée de pénombre, William entreprenait sa sortie vers la bibliothèque, lieu de savoir qui exerçait sur lui un attrait particulier. Bien que son chez-soi abritât une collection personnelle de livres chéris, le vampire ressentait le besoin de respirer l'air extérieur et, qui savait, de croiser de nouvelles connaissances. La lame dissimulée dans la manche de son élégant pull, un signe subtil de prudence, William revêtit soigneusement son manteau avant de quitter son lieu de travail.

    Affichant toujours une élégance distinguée, il pénétra dans la bibliothèque aux environs de 17h30, la nuit déjà établie et le froid mordant le firent soupirer d’aise une fois envelopper par la chaleur de l’intérieur. Se dirigeant vers la bibliothécaire, il fut accueilli par un salut chaleureux.

    - Monsieur Godwin, cela faisait longtemps que nous ne vous avions plus vu ici ! Le livre d’Orwell que vous cherchiez la dernière fois nous est revenu s’il vous intéresse toujours.

    Déposant son manteau légèrement humide, le vampire revint vers elle avec un sourire ravi.

    - Ah, vous refaites ma journée, si vous saviez, souffla-t-il.

    Il était conscient de l'effet qu'il produisait, maniant son charme et son aisance sociale comme des outils précieux pour obtenir des informations. Après quelques échanges de politesses et de regards suggestifs, William prit congé de la bibliothécaire. Elle pourrait toujours lui servir, et la prudence l'incitait à ne pas céder à ses pulsions meurtrières. Il le savait s’il s’adonnait à cet acte, par soucis de confidentialité, il serait contraint de la tuer.

    Naviguant entre les étagères, le blond se saisit de plusieurs ouvrages d'auteurs anglais classiques, prévoyant de satisfaire son appétit littéraire en l'absence de motivation pour une chasse. Portant sa pile de livres, il se dirigea vers une table déjà occupée par un humain, et sans hésiter, il déclara courtoisement :

    - Bonjour, je me permets de m’asseoir.

    L'atmosphère feutrée de la bibliothèque résonnait des murmures des pages tournées et des chuchotements des lecteurs. William, épris d'une curiosité subite, se sentit intrigué par l'individu qui partageait la table avec lui. Certains êtres, sans même en comprendre l'enjeu, captivaient l'attention et faisait vagabonder l'esprit vers des pensées aussi séduisantes que dangereuses ;  William se surprit à imaginer les scénarios les plus sombres et séduisants à la fois. Les pensées de l'entrainer hors de la bibliothèque, à l'abri des regards indiscrets, s'épanouissaient dans son esprit. Une faim sourde le tenaillait, et la vision de l'humain à ses côtés devenait une tentation presque insoutenable. Il devait être quelque peu fatigué. Un soupire las trahit la frustration sous-jacente du vampire, une privation récente l'ayant conduit à la nécessité de se contenter d'auxiliaires peu interressant au sang parfois peu alléchant, et surtout, en respectant leur consentement.

    Ce n’est pas de la main d’un vampire ou d’un inquisiteur que je vais mourir… mais d’ennui à ce rythme-là !

    Posant son premier livre devant lui, son regard erra sur les étagères avant de se poser sur son voisin de table. Appuyant doucement son menton sur la paume de sa main, William, loin de vouloir imposer sa présence, décida de tenter la conversation. Il n'insisterait pas si l'autre n'était pas d'humeur à échanger, mais qui ne tentait rien n'a rien.

    - Pardon si ma question peut paraître un peu brusque, mais ne nous serions-nous pas déjà rencontrés ? Ou peut-être est-ce une simple impression. Vous avez simplement piqué ma curiosité. Il y a des gens comme ça, qui attirent le regard.

    Un sourire légèrement charmeur se dessina sur les lèvres de William, suffisamment dosé pour ne pas paraître trop insistan. Ses yeux se détachèrent de l'humain pour se poser sur la première page de son livre, signe de respect et de non-insistance dans la démarche d'engager la conversation.


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    Lorsque Léone ne se trouvait pas sur le terrain à pourchasser des vampires ou dans son laboratoire d'autopsie à converser avec les défunts, il lui arrivait de s'adonner à d'autres activités que celles de sa routine habituelle, telles que faire des emplettes ou acquérir du matériel, par exemple. Érudit notoire, il était réputé pour sa propension à dévorer des ouvrages historiques, des revues scientifiques et des articles liés à ses professions. Léone n'était guère un amateur de fiction ou de romans littéraires ; il ne trouvait aucun attrait à s'immerger dans des univers imaginaires afin de narrer des événements inventés, dépourvus d'existence réelle, ou à altérer des réalités déjà établies à des fins récréatives.
       Il se rendait assidûment à la bibliothèque du centre-ville chaque fois que son emploi du temps lui offrait un moment de répit, précisément le jeudi après-midi, entre quatorze heures et dix-huit heures, une fenêtre temporelle où il était assuré de ne croiser qu'un faible nombre de visiteurs. Léone, en effet, était un fervent observateur de routines qu'il s'imposait rigoureusement, sans la moindre entorse. Son jour privilégié, son créneau horaire attitré et son siège réservé constituaient des éléments immuables de cette ritournelle personnelle. Ce jour-là, il trônait déjà à la table qu'il affectionnait particulièrement lorsque sa quiétude fut interrompue par une voix :

    Bonjour, je me permets de m’asseoir.

       À peine Léone daigna-t-il offrir une réponse, une œillade succincte accompagnée d'un geste du chef étant tout ce qu’il consentit avant de replonger dans sa lecture. Sa jambe gauche, croisée avec une élégance étudiée sur la droite, se balançait avec la grâce d'un pendule antique. Sa tête reposait nonchalamment dans le creux de sa main, soutenue par son coude qui reposait délicatement sur la table, adoptant une posture aussi nonchalante que détendue. Bien qu'une légère crispation ait traversé son être à l'instant où l'inconnu lui avait adressé la parole, il recouvra aussitôt la quiétude de sa lecture, manifestée par un relâchement perceptible de ses épaules. Les minutes s'écoulèrent tandis que Léone ne déviait pas son regard de son ouvrage, jusqu'à ce que...

    […] Il y a des gens comme ça, qui attirent le regard.

       Avec une lenteur délibérée, Léone releva sa tête, ses yeux se fixant sur un point imaginaire en face de lui, alors qu'il s'égarait dans les méandres tumultueux des premiers signes d'un ennui profond, tout en écoutant d’un air feint l'inconnu lui parler. Dans un premier temps, Léone fut sur le point de libérer un déferlement de noms aussi nuancé que fleuri, mais il s'imposa une maîtrise de soi afin de ne pas céder à ces impulsions primitives. Il humecta ses lèvres, comme pour occuper son esprit et se préserver de tout épanchement d'injures ou de menaces. Néanmoins, une légère crispation parcourut ses traits, et c'est avec une lenteur calculée qu'il tourna son attention vers l'inconnu.

    — C’est quoi votre problème ? lui dit-il dans un chuchotement teinté d’un agacement manifeste qui laissait entrevoir une lueur d’impatience dans le fond de son regard. La bibliothèque est un lieu sacré de la lecture ou, dans ses moments les plus sombres, d’achat compulsif. Ainsi, à moins que vous ne soyez en proie à une urgence d'une gravité que même les dieux jugeraient improbable, je vous saurais gré de ne pas troubler ma quiétude sous aucun prétexte. J'ai observé un mutisme courtois lorsque vous avez jugé opportun de m'adresser la parole, et fait preuve d'une patience résolue face à vos soupirs et aux pages que vous avez tournées avec une délicatesse toute relative. Cependant, je vous serais infiniment reconnaissant de bien vouloir fermer votre bouche. En vous remerciant.

       Suite à cette longue tirade, Léone laissa échapper un profond soupir d'ennui, à peine dissimulé, avant de recentrer son attention sur son ouvrage, qu'il jugea infiniment plus captivant que l'ennui suscité par son homologue.
    William Godwin

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    Le renard en sait long, mais celui qui le prend en sait un peu plus.



    William aurait pu, en toute élégance, nourrir l'espoir d'un dénouement favorable à ses desseins. S'adonner à une conversation au sein d'une bibliothèque ne revêtait aucune dimension dramatique, du moins en apparence. Après tout, il avait su gagner la faveur de la bibliothécaire, une alliée fidèle qui ne le réprimandait jamais, même lorsqu'il trouvait un compagnon de palabres. Les femmes, éprises de quelques mots soigneusement choisis, s'abandonnaient à tisser des romances délicates autour d'une réalité plus qu'illusoire. Hélas, le monde n'embrassait que rarement des dénouements heureux, sans heurts. S'abandonner à une espérance inlassable relevait, à ses yeux, d'une triste naïveté.

    Il se le confessait fréquemment, avouant qu'il se nourrissait de deux éléments essentiels dans la vie : le sang et l'ineffable stupidité qui émanait des autres.

    Néanmoins, aucune raison ne le poussait à persévérer auprès de quelqu'un qui manifestait un désintérêt catégorique à son égard. Les insistants le contrariaient au plus haut point, et il s'interdisait de les imiter en retour. Ainsi, le vampire replongea délicatement son attention dans son livre, un ouvrage qui, fort heureusement, n'était point excessivement long. Avec une touche de chance, il en viendrait à bout ici-même, avant que la bibliothèque ne cède à la quiétude nocturne.

    D'ailleurs, à en juger par l'attitude de l'humain, il était manifeste qu'il refusait tout contact, bien que William l'aperçût du coin de l'œil, ayant pris la peine de relever la tête. Dans un premier temps, l’humain ne le fixa pas, comme s'il tentait d'apaiser une provocation qui n'avait pas encore pris naissance. William, maître dans l'art de jouer avec les cordes sensibles, se retrouvait confronté à un bouledogue de caractère, pour une fois où il avait fait preuve d'une certaine retenue. Ou peut-être était-ce une impression que son interlocuteur abritait une colère dévorante en lui ? Une journée morose peut-être, et William risquait de devenir le bouc émissaire idéal, sur lequel cracher du venin tandis que celui-ci glisserait sur son épaule, qu'il nettoierait sans même ressentir le poison s'infiltrer.

    Imperméable aux menaces, aux injures ou à la rage d'autrui, William discernait physiquement que l'humain n'était en aucun cas disposé à échanger. Haussant simplement les épaules avec une grâce aristocratique, il se replongea dans sa lecture, n'ayant nullement l'intention de dilapider son temps avec un individu aussi acariâtre et asocial.

    Déjà tourné vers des sphères plus éthérées, il tourna la page, tant celles de son livre que celles de cet échange peu prolifique. Il ne s'attendait guère à un déferlement de critiques à peine mesurées, mais suffisantes pour résonner comme un chuchotement dédaigneux de la part de son voisin de table.

    En l'espace de quelques phrases, William l'avait circonscrit. Un infortuné solitaire, captivé par une affection exclusive pour quelque feuillet de papier... quelle tristesse. Sa curiosité et son intérêt, jadis suscités, s'étaient évanouis, comme une plume délicate emportée par la brise du désintérêt.

    Il nota toutefois, avec une nonchalance feinte et un désir ostensible de se soustraire à tout contact humain, que le sens de l'observation de son interlocuteur était étrangement aiguisé, discernant avec justesse les subtilités de leur échange.

    Pour le reste, une courtoisie de façade dissimulait mal une agressivité qui, pour l'instant, n'avait pas lieu d'être. Même William, expert dans l'art de déceler les reproches qui lui étaient adressés, releva son nez de son livre, arquant un sourcil avec un soupçon de surprise. D'habitude, il était l'objet de rancœur pour quelque raison, rarement pour une cause dénuée de fondement. Les individus aussi instables étaient souvent à éviter. Cependant, celui-ci semblait maîtriser ses gestes et manier la langue anglaise avec une certaine élégance.-reconnaissons au moins cela-. William venait de croiser le chemin d'un vieux grincheux à l'allure suffisamment avantageuse pour que lui, d'ordinaire prompt à la vengeance, ne lui en tienne pas rigueur.

    - Rien ne vous astreignait à répondre, et encore moins à composer ce charmant monologue. Vous venez de sacrifier un temps précieux pour rien du tout... Et du temps, vous en avez bien moins que moi , hélas.

    Il ponctua cette déclaration d'un sourire dépourvu de toute trace de brutalité. Si l'autre s'apprêtait à adopter une attitude grossière, peu importait le choix des mots pour rester dans une politesse relative. William ne descendrait pas au niveau de la discourtoisie, peut-être par conviction de sa supériorité. Pourquoi se fatiguer à débattre avec un humain aigri ?

    Dans sa phrase subtile, il faisait allusion à la race qu'il incarnait, bien que peu d'humains fussent conscients de leur existence. Ce ne seraient que des paroles destinées à réjouir son propre esprit. S'il avait par hasard trouvé un auxiliaire parmi les humains, peut-être accepterait-il de lui offrir son cou... Un bref regard dans sa direction suffit à le dissuader de cette idée. Il était peu probable que cet individu se montre docile ou conciliant. Et il lui faudrait une faim dévorante pour s'abaisser à se nourrir d'un être aussi discourtois, préférant de loin la compagnie de la bibliothécaire.

    Il haussa à nouveau les épaules, tandis que son interlocuteur avait émit un soupir exagéré pour appuyer ses propos, comme s'il se croyait transporté dans une dramaturgie shakespearienne.

    Un léger rictus se dessina sur son visage tandis qu'il fermait les paupières avec mépris, mettant fin à cette parenthèse grotesque se contentant de souffler pour lui-même, mais néanmoins audibles dans le silence presque sacré de la bibliothèque.

    -Ah, les humains, si prétentieux.

    Il aurait pu en rester là, mais il y avait quelque chose dans son for intérieur qui le confortait dans l'idée de sa supériorité vis-à-vis de ces créatures humaines, alimentant davantage son ego déjà particulièrement développé.-sa récompense en soi-.



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    Une nouvelle fois, Léone laissa échapper un soupir prolongé, si profond qu'il aurait pu résonner jusqu'à l'extrémité de la bibliothèque. Cette prolixité avait la fâcheuse tendance de l'irriter au plus haut point, d'autant plus qu'ils se trouvaient dans un sanctuaire du savoir. Se pouvait-il donc qu'il existât des âmes incapables de taire leur verbiage ne serait-ce qu'une seule minute ? Sa contrariété atteignait un tel degré qu'il n'accordait même pas d'attention aux paroles de cet homme. Tout ce qui parvenait à ses oreilles n'était qu'un tumulte difforme et incohérent, car tout ce que Léone désirait était le silence absolu.
    Sans qu'aucun mot ne vienne s'ajouter, de crainte de raviver les tourments d'une colère déjà amplement débordée, Léone se leva de sa chaise avec une délicatesse studieuse, veillant à ce qu’elle n'émette nul cri discordant sur le parquet séculaire de la bibliothèque. Il referma alors son livre d'un geste sec, lequel produisit un claquement sonore qui traduisait sans équivoque son agacement. Les absurdités proférées par son homologue n'avaient pas même retenu son attention, comme s'il s'appliquait à contenir son courroux plutôt qu'à gaspiller son temps en réponses futiles. Léone retira sa veste du dossier de la chaise pour l’enfiler avec une grâce empreinte d'une subtile irritation. Il se saisit ensuite du livre qu'il avait précédemment refermé. En s'approchant de l'homme qui avait interrompu ces rares instants qu'il consacrait à la lecture, il lui adressa quelques paroles murmurées, préservant une distance mesurée entre lui et l'individu :

    — Ne tentez pas de troubler à nouveau ma quiétude, sinon je vous ferai payer le prix de votre pitoyable existence.

    Sans autre ajout, Léone quitta la bibliothèque d'un pas aussi résolu que courroucé. À l'extérieur, il glissa une cigarette entre ses lèvres, comme si ce simple geste avait le pouvoir d'atténuer ne serait-ce qu'un quart de la colère qui l'accablait. Certains auraient pu trouver justifiée sa fureur, tandis que d'autres l'auraient jugée quelque peu excessive, sinon absurde. Peu de choses suffisaient à raviver les flammes du brasier de sa propre colère, un feu insatiable qui refusait de s'éteindre véritablement. Il passa une main sur son visage dans un geste qui visait à effacer les stigmates de l'escarmouche précédente ; il lui fallait désormais changer de cap, sinon la quiétude demeurerait une chimère. Léone, maître de son ire, la laissait rarement dissimulée ; il cohabitait avec elle depuis un laps de temps suffisamment conséquent pour la comprendre, une connivence qui lui avait enseigné les subtilités de son apaisement. Sans cela, le sommeil lui serait insaisissable.
    Il n'emprunta pas immédiatement la route de son domicile, pas à cet instant. Sa demeure n'était pas si éloignée, mais il pressentait qu'un retour hâtif n'apaiserait en rien l'ardeur de sa colère. Il lui fallait accorder au temps l'occasion de permettre à cette émotion embrasée de se dissiper, le temps nécessaire pour recouvrer quelque mesure de maîtrise de soi. Il déambula dans les rues londoniennes en choisissant délibérément le parcours le plus long afin de retarder son retour à son quartier.
    William Godwin

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    Le renard en sait long, mais celui qui le prend en sait un peu plus.



    Si William avait coutume de contempler le monde du haut de son piédestal, une évidence irréfutable s'imposait : l'humanité détenait le record des êtres les plus méprisables. C'était ainsi qu'il développait une aversion tenace envers ces vampires qui, de temps à autre, dévoilaient une lueur d'humanité. Cette lueur engendrait des déchets de l'âme, des individus qui adoptaient une posture défensive dénuée de raison. Pourtant, l'humain aurait pu l'ignorer, voire adopter une attitude courtoise, car, du moins jusqu'à présent, William n'avait émis aucune hostilité.

    Une pointe de pitié aurait pu naître face à la pathéticité de cet individu, mais le vampire rejeta toute velléité de compassion, voire de compréhension envers une éventuelle situation compliquée qui alimentait une telle amertume.

    Le tableau qui se dessinait était affligeant. Ces figures semblaient aussi insipides que celles qui prônaient la liberté pour tous et l'égalité entre les races. William se questionnait sur l'existence d'un juste milieu dans ce monde. Devait-il vraiment composer avec des êtres en quête perpétuelle de la douceur, ou des individus prétendant à une obscurité de caractère simplement par manque d'amitié ?

    Enfin, William, avare de son temps et peu enclin à accorder de l'importance à de telles créatures, surtout lorsqu'il s'agissait d'un humain, se questionna sur ses tentatives occasionnelles de manifester des efforts. Songeant à ses possibles jugements trop hâtifs envers autrui, tout doute fut rapidement balayé lorsque ce cas particulier s'offrit à lui.

    Tenté de délaisser sa place, même si la bibliothèque n'abritait que quelques âmes, William envisagea brièvement d'engager des conversations ordinaires, évoquant les préférences littéraires des lecteurs ou partageant des pensées sur des ouvrages choisis. Si l'histoire aurait pu s'arrêter là sans prendre une ampleur démesurée, l'autre homme semblait désormais plongé dans une tension palpable, une tension qu'il avait lui-même orchestrée.

    Alors que William, plongé dans la lecture, fronçait légèrement les sourcils, sans saisir pleinement l'ampleur de la situation, il comprit que certains humains pouvaient être aussi désagréables que des vampires. Face à la moindre contrariété, ils étaient prêts à renverser la table sur laquelle ils se trouvaient.

    Cette histoire étrange serait probablement oubliée aussi vite qu'elle avait commencé, tant leur échange fut bref. Cependant, l'humain, avec toute son excentricité déjà bien démontrée, ne put s'empêcher de soupirer de manière exagérée, comme s'il se produisait dans une pièce de théâtre.

    Finalement, et de manière peu étonnante compte tenu de l'attitude de cet individu, l'homme se leva pour... quitter la bibliothèque ? Ils venaient d'atteindre les sommets de l'absurde. S'il aurait pu quitter les lieux sans un mot, il devait reconnaître que l'humain était un virtuose dans l'art du drama, même pour des situations dénuées de tout fondement.

    Tenter de troubler la quiétude de l'humain pour deux mots échangés dans une bibliothèque semblait presque une tragédie absurde, peut-être teintée d'une pointe d'agoraphobie chez l'autre protagoniste. Dans cette scène cocasse, la violence des propos proférés, même pour le vampire qui avait vu bien des excès, résonnait étrangement.

    Alors, dans un élan d'ironie qui transcenda la réserve du vampire, il décida de répondre avec une désinvolture teintée de savoir-faire, relevant ainsi sa condition d'avocat, de juge et de notaire, accumulée au cours de ses quatre siècles d'existence. Mais en réalité, c'était l'amusement qui se dessinait en lui.

    - Il faudrait peut-être modérer vos ardeurs, cher ami... car vous proférez des menaces à mon encontre. Nous nous aventurons ainsi dans les arcanes de la section 16 de la Loi sur les crimes graves de 2007, qui traite des menaces de violence. Ou bien encore dans les dédales de la loi sur l'ordre public de 1986, qui stipule que cette dernière peut être applicable si la déclaration est de nature à causer l'inquiétude. Vous avez la chance que ma bonne humeur soit de la partie, mais sachez que vous êtes passible d'amendes. Ce serait véritablement comique de nous retrouver au tribunal, n'est-ce pas ?

    Enfin, s'il avait réellement voulu être témoin d'une transgression flagrante de la loi, il aurait pu y remédier en l'achevant au coin d'une ruelle sombre. Cependant, l'idée de gaspiller son énergie pour un humain aussi disgracieux ne suscitait guère d'enthousiasme.

    Il laisserait donc son interlocuteur s'énerver dans le vide. Bien qu'il n'eût pas l'intention de le provoquer davantage, l'envie de remettre à sa place ce prétentieux ne manquait pas. Plongé dans la lecture de son livre, les yeux toujours rivés sur les mots, il ajouta d'un ton calme tandis que l'autre s'éloignait, prêt à quitter la bibliothèque.

    - Je vous souhaite une agréable journée... et veillez à ne pas commettre d'acte répréhensible en sortant d'ici, assassiner un enfant est également proscrit par la loi, malheureusement.

    Une pique bien ironique, délivrée avec un flegme tout britannique, ponctuait cet échange surréaliste dans l'enchevêtrement des lois et des absurdités quotidiennes.

    Ce n'était qu'un jeu après tout.

    Peut-être l'humain s'était simplement retiré pour prendre l'air, envisageant de revenir ultérieurement. La table, elle, demeurait toujours disponible, et quant à William, il n'avait nulle intention de suivre cet individu dépourvu de délicatesse. Le stalking, après tout, était passible de sanctions, une ironie manifeste. Se pourrait-il que William Godwin, par une étrange métamorphose, devienne RAISONNABLE ?! Quelle IDEE. Ou sa récente visite en refuge ? Les chats, en leur mystérieuse sagesse, avaient le pouvoir d'adoucir les âmes les plus sinistres. Voilà le genre de conseil qu'il aurait pu suggérer à cet humain, avec un soupçon d'ironie.



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